Voici une preuve de la loi forte des grands nombres, lorsque les variables aléatoires sont dans .
Théorème
Soit un espace mesuré, soient des fonctions intégrables définies de dans , de carrés intégrables. On suppose que pour tout , , , et ; alors :
Preuve
Par l’inégalité de Markov,
On veut appliquer le lemme de Borel-Cantelli, mais . Remplaçons par .
Comme , le lemme de Borel-Cantelli montre que
presque partout, .
On en déduit, en prenant ,
Soit . Soit la partie entière de . On a :
On utilise à nouveau le lemme de Borel-Cantelli.
Comme , on en déduit que
Remarques
– L’hypothèse est une hypothèse de centrage.
– Si les sont centrées et que la suite des est stationnaire, on peut remplacer les hypothèses sur les par une condition dite de "corrélations sommables" :
– Lorsque est un espace probabilisé, et que les ne sont pas centrés, on peut remplacer les hypothèses sur les par une hypothèse de “décorrélation” :
La moyenne des converge alors presque surement, dès que la moyenne des converge, et ces deux moyennes sont égales. C’est l’énoncé classique de la loi des grands nombres pour des variables aléatoires .
– Lorsque est un espace probabilisé, et que les sont des fonctions bornées par une constante , on peut simplifier la seconde partie de la preuve en utilisant la majoration :
Voici un corollaire de la loi forte des grands nombres, qui s’obtient en considérant des fonctions de la forme .
Corollaire
Soient un espace probabilisé, une suite de variables aléatoires indépendantes équidistribuées, et un borélien. Alors, pour presque tout ,
Remarquons pour terminer, qu’il est possible d’obtenir une vitesse dans la loi des grands nombres lorsque les variables aléatoires sont dans . Il suffit de remplacer par dans la preuve du théorème pour obtenir :
La normalisation optimale est en fait en ; c’est une application du théorème des trois séries, mais cela ne semble pas pouvoir se déduire de la preuve donnée plus haut.